% vol = 17 number = 4 prevlink = 208 nextlink = 215 titolo = "COMPTE RENDU DE VOYAGE A HO CHI MINH VILLE (VIETNAM) MISSION SEQUELLES DE BRULURES ENFANTS DU 14 AU 21 MARS 2003" volromano = "XVII" data_pubblicazione = "December 2004" header titolo %>
C’est sur la proposition de Jean-Michel Rives, coordonnateur et chef de projet «brûlés» (Children Action Geneva), que je me suis rendu au Vietnam en mars 2003, accompagné de:
Nous sommes arrivés à Ho Chi Minh City via Bangkok après un vol qui dure 14 heures (avec 6 heures de décalage horaire). Du fait d’un départ retardé depuis Toulouse, nos bagages (ceux des provinciaux) n’ont pas suivi dans le Boeing qui partait de Charles de Gaulle mais nous les avons heureusement récupérés le lendemain. Voyage sans histoires, après avoir retrouvé dans l’avion nos deux collègues parisiennes.
Il s’agissait en ce qui me concerne d’un deuxième séjour au Vietnam, m’y étant rendu deux ans auparavant alors que je me trouvais en route pour Phnom Penh au Cambodge. J’avais fréquenté alors un hôpital d’adultes au centre ville, Centre de traumatologie et d’orthopédie, dans le cadre d’une mission d’enseignement.
Arrivés en début d’après-midi, nous étions accueillis à l’aéroport par la coordonnatrice locale, Madame Giang, qui nous remettait aussitôt notre «argent de poche» pour la semaine en dollars US et en dongs vietnamiens (par jour l’équivalent de 50 dollars, ce qui suffit largement pour la vie de tous les jours).
L’aéroport de Tan Son Nhat est situé à 7 km environ du centre ville, et très vite le mini-bus permet de se mettre dans l’ambiance de la capitale économique du Vietnam, grandement illuminée par les enseignes type américain, et il est difficile de s’apercevoir que Saïgon (que tout le monde continu à appeler ainsi) a été pendant 90 ans sous influence française.
7.000.000 habitants, intense circulation, étonnant ballet de vélos et cyclomoteurs, et rapidement nous apercevons les premières «congais» avec leur silhouette fine, longue tenue blanche, fendue, portée sur un pantalon de soie noire (c’est le vêtement traditionnel, symbole de la capitale sudiste). Les gants remontent souvent jusqu’aux bras et assez fréquemment un petit masque protège le bas du visage de la pollution. La chaleur est étouffante, l’humidité constante (le delta du Mekong est tout prês). Au passage on reconnaît la Poste, l’hôtel de ville et les hôtels Continental et Majestic (style troisième république), contrastant avec les façades repeintes du Grand Hôtel et les nouveaux palaces Caravelle ou Sofitel de 20 étages.
Et c’est l’arrivée au milieu de la rue Dong Coï (ancienne rue Catinat très connue du temps de l’Indochine, et on continue encore de l’appeler ainsi). Notre hôtel est confortable, parfaitement climatisé: le Bong Seng Hotel, “an ideal hotel in an ideal location”, comme cela est écrit sur les cartons de l’hôtel.
Mais nous avons tout de suite compris que nous n’étions pas là en «touriste».
Deux heures après notre arrivée, nous étions en consultation à l’Hôpital Dong Nai, hôpital qui se trouve à une quarantaine de kilomètres de la capitale vietnamienne. Une vingtaine de petits patients nous seront présentés.
Ils sont programmés pour être opérés le samedi toute la journée et ainsi que le dimanche, mais nous terminerons assez tôt le dimanche à 14 heures et seul trois petits patients seront contre-indiqués (il s’agit de malformations angiomateuses).
Nous opérons dans deux salles d’opération, mais dans chaque salle d’opération il y a deux tables d’opération, ce qui permet d’opérer à deux chirurgiens et ainsi de s’échanger des conseils et des avis.
Quinze petits patients sur 20 avaient moins de 12 ans (le plus jeune 4 ans).
Le lundi après-midi, à partir de 13 heures, nous avons consulté à l’Hôpital de Nhi Dong, qui se trouve à une vingtaine de minutes de l’hôtel (Fig. 1). Là aussi, il est agréable de pouvoir examiner les patients que nous devons opérer le lendemain et de constater les résultats obtenus sur les malades opérés par la mission précédente. Nous opérons mardi et mercredi dans cet établissement. Nos déplacements se font toujours ou en taxi ou en mini-bus. Repas très sympathique à l’hôpital à midi. Dix-huit nouveaux patients vont être opérés au cours de ces deux journées. Nous disposons ici également de deux salles d’opération, avec une seule table d’opération mais il est facile d’aller d’une salle d’opération à l’autre (Fig. 2).
<% immagine "Fig. 1","gr0000040.jpg","L’hopital Dong Nai de Ho Chi Minh City.",230 %> | <% immagine "Fig. 2","gr0000041.jpg","Une de salles operatoire de l’Hopital Dong Nai.",230 %> |
Les séquelles de brûlures que nous avons eu à traiter sont constituées essentiellement par des brides rétractiles au niveau des membres, du visage, associées très souvent à des manifestations chéloïdiennes, cicatrices stabilisées qui justifient l’acte opératoire (Figs. 3,4,5,6).
<% immagine "Fig. 3","gr0000042.jpg","",230 %> | <% immagine "Fig. 4","gr0000043.jpg","",230 %> |
<% immagine "Fig. 5","gr0000044.jpg","",230 %> | <% immagine "Fig. 6","gr0000045.jpg","",230 %> |
Fig. 3,4,5,6 -Les sequelles des brulûres operés.
Au niveau de la main et des doigts, nous sommes surpris de retrouver les déformations historiques au niveau des mains (les mains «monstrueuses» décrites par Félix Lagrot, formes palmaires avec encapuchonnement des doigts ou formes dorsales avec rétraction à 180°). Nous sont montrées également des brides commissurales, des déformations des doigts en col de cygne, ou en boutonnière, des rétractions des plis de flexions au niveau du coude et du poignet. Au niveau des membres inférieurs, ce sont les rétractions inguinales ou crurales, et au niveau des orteils un étonnant pied talus à 90° avec un varus de 45°. Au niveau du visage, on va noter des microstomies, des rétractions des lèvres inférieures et supérieures avec éversion, des brides canthales, des ectropions au niveau des paupières. Au niveau de l’abdomen, ce sont des placards chéloïdiens avec parfois rétraction des organes génitaux externes.
A noter aussi la multitude de séquelles cicatricielles chez le même patient où on va retrouver rétraction des membres supérieurs, rétraction des membres inférieurs, séquelles au niveau de la face. Par contre, surpris de ne pas voir de rétraction cervicale. Nous avons noté cependant, à l’entrée de l’hôpital, un jeune adolescent qui faisait «la manche» et qui, lui, présentait un grand placard mento-sternal.
La plupart de ces interventions vont se faire sous anesthésie générale, certaines sous bloc loco-régional. La prise des greffons est possible au dermatome à main ou au dermatome électrique.
Les techniques utilisées le plus souvent: plastie en Z, plastie en Z multiple, trident, plastie en IC. Utilisation large des greffes dermo-épidermiques ou greffes de peau totale avec immobilisation par attelle plâtrée (merci Jean-François).
A noter le caractère très docile de ces enfants qui attendent parfois avec un dossier déjà à l’intérieur de la salle d’opération sur un petit tabouret avant que l’on ait emmené le malade précédent vers la salle de réveil.
Du fait de la composition de notre équipe, trois chirurgiens, les 38 patients préalablement examinés vont être opérés en quatre séances. Il faut se féliciter de la qualité des anesthésies, de leur rapidité et de la rapidité également du changement de patient. «Ça ne traîne pas».
A part le Docteur Nguyen Tuong, qui est responsable du service des brûlés, les autres praticiens sont assez réservés et ne posent pas beaucoup de questions (problème de langue?).
Nous avons pu visiter les chambres d’hospitalisation. Il s’agit de chambres communes, six à huit lits pour enfants, où les petits sont très entourés par les parents ou les grands-parents qui participent à l’alimentation et entourent parfaitement les jeunes patients.
Nous avons pu revoir en post-opératoire immédiat les patients opérés dans les deux hôpitaux et notamment réaliser les pansements précoces de greffe puisque ces pansements ont été vérifiés précocement dès la 48ème heure.
Les services rendus par notre collaborateur kinésithérapeute sont très appréciables, puisque dans les suites immédiates de chaque intervention il peut installer les membres en position de fonction par des attelles plâtrées ou métalliques. Ces immobilisations sont souvent assez difficiles étant donné le manque de matériel et le manque d’orthèses mais l’ingéniosité et la volonté vont permettre de résoudre tous les problèmes.
Malgré cette incessante activité, il restait cependant suffisamment de temps pour le shopping (Jean-François et les filles s’en sont donnés à cœur joie). Les boutiques de soie dans la rue Dong Coï, le marché Ben Than, le plus vieux, le plus grand et le plus animé de tous les marchés, très folklorique, ont été explorés de fond en comble, tous les soirs les nouveaux restaurants étaient de rigueur et nous avons apprécié les grands bols de soupe avec pâtes vermicelles, les assiettes de riz agrémenté de viande ou de poisson et de sauce soja, les gâteaux au lait de coco, les boissons extraites de la canne à sucre.
Nous avons même eu une expédition un peu tardive vers la Mer de Chine à Vung Tau (Cap Saint Jacques), station balnéaire la plus fréquentée du sud du pays, surmontée par une statue géante du Christ qui ne manque pas de surprendre à cet endroit et qui rappelle de loin le Corcovado de Rio de Janeiro.
C’est là à la plage que Jean-François a bravé les autorités en allant se tremper dans les rouleaux de la mer, légèrement en colère après 17 heures (ce qui est strictement interdit). Un excellent dîner a suivi, richement arrosé par la bière du tigre mais ce n’est pas nous qui conduisons.
Nous avons rapporté d’une part des tenues typiques pour nos familles mais aussi, il faut bien l’avouer, quelques articles de contrefaçon, vêtements, lunettes et montres, et bien sûr aussi l’inévitable baume du tigre aux vertus thérapeutiques infinies.
Au total, un excellent accueil, un excellent travail, très surpris par l’importance des séquelles de brûlures d’origine domestique, brûlures qui n’avaient vraisemblablement pas été traitées et qui avaient cicatrisé spontanément, expliquant l’importance des cicatrices rétractiles chez le même patient.
Nous avons pu observer la grande gentillesse des infirmières, des médecins et des anesthésistes, le travail très sérieux de la collaboratrice locale, tous les patients sont enregistrés, fiches d’observation, compte-rendus opératoires, et tout cela sur un ordinateur.
Certes, la gestion des pansements est peu confortable, mais il y a cependant un suivi post-opératoire même si nous regrettons l’absence de traitement compressif et d’orthèse.
Nous soulignons également l’intérêt du «suivi» des interventions réalisées par les équipes précédentes alors que le suivi de nos interventions seront assurées par l’équipe qui viendra deux mois plus tard.
Au total, voyage extrêmement positif même si le travail a été dur parfois du fait de la chaleur (35°), travail d’équipe très satisfaisant, nous avons vu beaucoup de choses, nous avons pu traiter par des moyens faciles mais efficaces et nous sommes prêts à revenir et enfin nous avons pu échapper au SRAS.
La lecture de ce compte-rendu de mission devrait inciter les jeunes plasticiens à être volontaire pour de telles missions, peut-être sous l’autorité d’un chirurgien sénior. Les moyens thérapeutiques mis en œuvre sont simples et ne nécessitent pas de technique très sophistiquée. L’intérêt sur le plan professionnel est incontestable mais également sur le plan humain, expérience très enrichissante.
<% riquadro "This paper was received on 15 July 2004