Annals of the MBC - vol. 3 - n' 4 -
December 1990
LE FLASH
ELECTRIOUE, MÉCANISME ET PRÉVENTION: A PROPOS DE 21 CAS
Rouged D., Laffitte F, Laguerre I, Conil JW,
Chavoin J.B.E., Arbus L., Costagliola M.
Unité de Traitement des Grands Brulès, C.H.U.,
Toulouse Rangueil, France
RÉSUMÉ.
Les brûlures électriques sans passage du courant dans le corps (les flashes
électriques) sont fréquentes. Il s'agit toujours d'hommes et d'accidents, et souvent
d'accidents du travail. Parfois une faute humaine est à la base de l'accident, et les
mécanismes de l'accident sont étudiés. Des mesures de prévention peuvent être prises.
En haute tension le risque est celui de lésions profondes et étendues alors qu'en basse
tension les lésions cutanées sont superficielles, touchant la face et les mains.
L'étude de la littérature montre que les
brûlures sans passage de courant sont fréquentes (85%). Il s'agit de brûlures
particulières car les circostances retrouvent très fréquemment des accidents du
travail, elles sont souvent superficielles et la profondeur des lésions est fonction de
la durée et de la puissance de l'arc électrique.
Le flash électrique est une terminologie meilleure que l'arc électrique car le terme
d'arc concerne essentiellement un mécanisme, alors que le terme de flash permet
d'envisager des lésions plus spécifiques, qui correspondent à des lésions thermiques
dues à l'électricité par la biais de l'effet Joule et à des lésions visuelles dues à
l'éclair du flash.
Une étude rétrospective a été réalisée sur une période de 4 ans permettant de
retrouver 21 brûlures sans électrisation vraie, survenues dans le cadre. d'une brûlure
électrique. 17 étaient constituées par un flash électrique pur, 4 par un flash
électrique associé à des lésions thermiques dues à la combustion des vêtements.
Ces lésions représentent 43% de l'ensemble des lésions d'origine électrique (49 pour
la même période).
Par rapport à l'ensemble des brûlés hospitalisés au Centre des Grands Brûlés de
Toulouse, ces lésions représentent 7,5% des brûlures, toute étiologie confondue (281
brûlures).
- Lâge et le se-xe
de cette population: il s'agit
uniquement d'hommes; on trouve 5 brûlures entre 15 et 25 ans, 12 entre 25 et 40 ans, et 4
entre 40 et 60 ans. Il s'agit d'une population jeune et plus regroupée que la population,
toute étiologie confondue, où les lésions sont plus étalées 'dans les âges, avec en
particulier 15% lésions de brûlures au delà de 60 ans, alors qu'on en retrouve aucune
au delà de 60 ans dans les lésions par flash électrique.
- Les circonstances et mécanismes: il
s'agit uniquement
d'un processus accidentel dans les 21 cas; dans 14 cas il s'agissait d'un accident de
travail, dans 7 cas d'un accident domestique ou de loisir. Dans 12 cas il s'agissait de
haute tension et dans 9 cas de basse tension. Le mécanisme retrouvé a été dans 15 cas
un mécanisme de court circuit alors que dans 6 cas il s'agissait d'un mécanisme
d'amorçage par diminution de la distance de garde entre la victime et le conducteur
électrique, Dans ces cas il y a possibilité d'électrisation avec passage du courant
mais dans les 6 cas d'amorçage rapportés ici, il n'a été constaté aucune lésion
électrique vraie ni aucune complication d'électrisation. Il est intéressant de
remarquer que s'il s'agit dans les flashes électriques toujours d'un processus accidentel
et très fréquemment ' d'un accident du travail, par contre dans les brûlures, toute
étiologie confondue, les accident de travail ne représentent que 18,4% des lésions.
- La localisation et le siège:
dans 6 cas il s'agit
d'une localisation à la face et aux mains (photos 1, 2, 3, 4); il s'agit alors de
brûlures du 2ème degré superficiel ou du 2ème degré intermédiaire, représentant
moins de 20% de la surface corporelle. Dans 11 cas sur 21 la brûlure est plus étendue,
au delà de 30% de la surface corporelle; il s'agit alors de brûlures en mosaïque, soit
du 2ème degré profond, soit du 3ème degré, avec des lésions thermiques vraies. Dans
tous les cas il y a eu combustion d'une partie des vêtements. Dans ces cas étendus de
brûlures on retrouve 3 cas entre 30 et 40%, 6 cas entre 40 et 60% de la surface
corporelle (photos 5, 6) et 2 cas entre 60 et 85% de la surface corporelle. Il est
intéressant de remarquer que dans les brûlures, toute étiologie confondue, on note 30%
des brûlures entre 0 et 20% de surface corporelle et que les brûlures étendues au delà
de 80% de surface corporelle ne représentent que 14,5% des cas. Encore une fois cette
population de flash électrique est plus contrastée que la population, toute étiologie
confondue. Il apparaît deux sous-populations, une première de brûlures superficielles
touchant la face et les mains quicorrespondent à des lésions en basse tension, et un
deuxième groupe avec combustion de vêtements, plus étendues, correspondant à des
accidents en haute tension.
- Les décès et les séquelles:
dans cette série on
note 3 décès; il s'agissait de cas de brûlures étendues: 70%, 60% et 54% de la
surface corporelle. L'hospitalisation moyenne a duré entre 3 semaines et 3 mois. La
consolidation a été obtenue en moyenne au 13ème mois. Les séquelles sont relativement
peu nombreuses. On note 8 phénomènes de rétraction au niveau des plis de flexion, 5
seulement ont nécessité des corrections ultérieures.
Les recherches actuelles sur les ares électriques
Il existe des difficultés de
reproduction d'arc électrique car il existe une grande instabilité de ceux-ci. Certaines
expériences ont été menées à la Division Incendies et Matériels de Sécurité du
S.P.S. (Service Prévention et Sécurité). Ces études ont été menées conjointement
avec la Direction des Etudes et Recherches (D.E.R.) de l'E.D.F.
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Fig. 1 |
Fig. 2 |
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Fig. 3 |
Fig. 4 |
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Fig. 5 |
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Les effets de l'arc électrique sont au
nombre de 4:
les effets thermiques sont produits lorsque la température
s'élève au delà de 3000 degrés Celsius;
les effets mécaniques sont essentiellement constitués par
des projections. Il faut noter que les projections les plus dangereuses sont les
projections d'aluminium;
les effets lumineux sont constitués par des radiations
ultra-violettes qui peuvent entraîner des lésions oculaires, c'est ce qui est appelé
communément le "coup d'arc";
enfin il faut noter aussi des effets acoustiques qui
peuvent entraîner des lésions tympaniques par les détonations.
L'énergie de l'arc électrique est
fonction de deux paramètres:
- la durée: une 1/2 seconde à 1 seconde est nécessaire
pour produire des lésions importantes cutanées;
- la puissance de l'arc électrique est fonction de la
tension et de l'intensité; pour produire un arc électrique il faut une tension d'au
moins 400 volts et une intensité de 4000 ampères qui est l'intensité pour
produire un court-circuit.
La prévention
L'ensemble des études actuelle était
concordant pour dénoncer que dans 1/4 des accidents par arc électrique il existe une
faute grossière de négligence ou d'imprudence de l'agent. 4 mécanismes sont souvent
retrouvés:
- l'absence de mise à la terre
- la non vérification d'absence de tension (V. A. T.)
- l'absence de protection corporelle constituée par des
gants ou par le port de masque lors de réalisation d'un travail sur un conducteur en
basse ou en haute tension.
A ce niveau une étude de la direction des
études et des recherches de l'E.D.F. a montré qu'il était indispensable de porter des
gants en cuir traité au silicone ou des gants trempés P.V.C. ou nitrile pour tous
travaux électriques même si ces derniers sont réputés hors tension.
En conclusion ces lésions de flash électrique ont un profil médico-légal particulier
qu'il sera relativement facile a identifier:
- il n'y a pas de passage vrai du courant ou niveau du corps
de la victime mais il existe de brûlures;
- il s'agit souvent d'accident du travail et on retrouve
souvent une faute de la victime ou d'un tiers ayant entraîné la non vérification
d'absence de tension au niveau du réseau.
Le risque cutané est celui de lésions
thermiques profondes, étendues, lorsque le mécanisme d'arc concerne des conducteurs en
haute tension, et par conducteur est en basse tension. Dans ces derniers cas contre les
lésions sont souvent des lésions une protection de la face et des mains par des gants
superficielles touchant la face et les mains lorsque le adaptés et un masque sont
nécessaires.
RESUME. Electric burns with
no passage of current through the body ("electric flashes") are frequent. They
occur exclusively in men and are accidental, often at work. Sometimes human error is the
cause of the accident, and a study is made of the mechanisms of the accidents. Preventive
measures are possible. With high voltage the main risk is of deep extensive bums, while
with low voltage skin lesions are superficial, involving the face and hands.
BIBLIOGRAPHIE
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- Leclercq G.: La médecine du travail, le rÔle du
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Doc. Prev. Sec. E.D.F. n' 81, décembre 1987.
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