Ann. Medit. Burns Club - vol.6 - n. 4 - December 1993
LES CICATRICES HYPERTROPHIQUES ET CHELOIDES DANS
LES BRULURES: TRAITEMENT CHIRURGICAL
Caleffi E, Bocchi A., Montacchini G., Papadia F.
Cattedra di Chirurgia Plastica, Universita degli
Studi, Parma, Italy
RESUME. Les auteurs prennent
en considération la formation et le traitement chirurgical de la cicatrice pathologique,
qui est la complication la plus grave chez le patient brûlé. Ils décrivent les
techniques chirurgicales - plastie en "Z", les greffes cutanées et les lambeaux
- pour l'éliminer. L'expansion cutanée est très utile pour le chirurgien parce que
cette méthode lui permet de disposer d'une quantité de peau suffisante de la même
texture et coloration.
La formation de la cicatrice pathologique
est la complication la plus grave chez le brûlé, et toutes les approches chirurgicales
cherchent à améliorer le résultat esthétique et fonctionnel.
Toutes les approches chirurgicales immédiates et correctes peuvent réduire la formation
des cicatrices: d'autre part un programme réhabilitatif, physique (bandages compressifs),
chimique (silicone, stéroides, thérapie au zinc), peut améliorer les résultats de la
cicatrice et de l'intervention chirurgicale.
Notre approche chirurgicale de la formation de la cicatrice pathologique dépend du type
de la lésion, du siège anatomique et du dommage fonctionnel ou esthétique. L'excision
chirurgicale suivie de l'irradiation est d'habitude employée pour le traitement des
chéloïdes: dans nos séries l'irradiation postchirurgicale immédiate (une application
pour 3 jours) a évité la récurrence des chéloïdes.
Dans toutes les autres cicatrices hypertrophiques, l'excision chirurgicale (avec ou sans
l'expansion cutanée, avec ou sans la plastie en "Z") n'est pas combinée avec
l'irradiation mais toujours avec la compression élastique.
Dans notre expérience ce protocole thérapeutique a amené à des résultats esthétiques
et fonctionnels de bonne qualité.
Nous pratiquons les interventions de chirurgie reconstructive depuis que les cicatrices
hypertrophiques ne commencent à présenter une couleur plus pâle, un tissu plus souple,
et qui ne commencent à divenir plus petites; en moyenne, on verifie cela un an après
l'accident.
Il est aussi important un développement d'un petit degré de mobilité de la cicatrice
hypertrophique dans le tissu sous-jacent, un développement dû à la fort-nation d'un
plan sous-cicatriciel de tissu connectif lâche, à rechercher dans l'excision de la
cicatrice pour mieux contrôler l'hémorragie.
La programmation de reconstruction chirurgicale requiert une analyse des déformités, un
diagnostic de la quantité de la perte de tissu et du dommage qui en est causé, et aussi
un choix des techniques de traitement et des sièges de prélèvement pour les tissues à
greffer.
Technique chirurgicale
Les techniques de reconstruction
chirurgicale dans les cas des défonnités plus ou moins étendues du corps causées par
les brûlures sont différentes, et le succès de chacune prévoit une approche correcte;
parfois l'emploi combiné de plusieurs techniques est nécessaire pour compléter la
correction d'un même type de lésion.
La plastie en "Z", les greffes cutanées, les lambeaux plus récents et plus
efficaces sont à disposition du chirurgien.
Plastie en "V' (Fig. 1A - 113)
La plastie en "Z",
basée sur la transposition de deux ou de plusieurs lambeaux triangulaires, obtient
l'allongement et la modification de l'orientation de la cicatrice qui devient plus souple
et meilleure dans l'aspect.
L'emploi de cette technique trouve son indication dans la correction des cicatrices
rétractiles linéaires, pour reporter l'orientation de la cicatrice parmi les lignes de
mineure tension. Quand la rétraction linéaire est entourée de tissu sain on peut
utiliser de grands lambeaux en "Z".
Plus les lambeaux sont grands, majeur est l'allongement et la correction plus efficace.
Souvent les plasties en "Z" effectuées sur les cicatrices de brûlures, qui
montrent une vascularisation réduite par rapport à la peau normale, mettent en danger la
survivance de la partie terminale du lambeau pour nécrose vasculaire.
Pour la simplicité de son execution, pour la possibilité parfois d'effectuer
l'intervention en anesthésie locale, c'est la technique que nous préférons pour les
cicatrices rétractiles du bras, du pilier antérieur de l'aisselle, et pour les
cicatrices qui déforment les sourcils et les angles de la bouche.
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Fig. IA
Bride rétractile de l'aisselle. Aspect avent l'intervention. |
Fig. IB Aspect
un an après l'intervention de plastie en "Z" |
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Greffes cutanées (Fig. 2A - 2B)
Les greffes cutanées les plus souvent
employées dans la reconstruction des zones cicatricielles hyper-trophiques sont des
autogreffes simples à épaisseur partielle ou à épaisseur totale. Si le prélèvement
de ces greffes est de petite dimension, il est effectué à main libre avec le bistouri,
s'il est de grandes dimensions, avec le dermatome électrique. Les zones donatrices sont
représentées par les È le résidu cicatriciel est peu visible. Pour sièges ou les
grandes greffes à épaisseur partielle ce sont la partie interne du bras, la région des
fesses et la surface intéro-latérale de la cuisse; pour les petites greffes à
épaisseur totale la région rétro-auriculaire, celle inguinale et supraclavéaire sont
préférées. La cicatrisation de la zone donatrice se fait par réépithélialisation
spontanée dans les greffes à épaisseur partielle; au contraire, pour les greffes à
épaisseur totale, à condition qu'elles soient de petites dimensions, la guérison se
fait par fermeture directe des berges. Toutefois il y a des limites à l'emploi des
greffes comme l'aspect esthétique pas toujours satisfaisant, à cause de la possible
hypo- et hyperpigmentation et la tendance à la rétraction de la greffe.De préférence,
nous utilisons des greffes à toute épaisseur en exploitant la rétraction cicatricielle
minimale, des greffes de petites dimensions pour fermer la zone donatrice avec une suture
des berges.Les zones rétroauriculaires ou supraclavéaires, quand elles sont disponibles,
sont les sièges du prélèvement cutané.
Ces greffes sont des substituts excellents pour la peau des paupières et des lèvres.
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Fig.
2A Séquelles de brûlures déjà traitées avec exposition tissulaire de la
région cervicale et perte de la ligne de démarcation du profil de la lèvr inférieure.
Aspect de face et de profil. |
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L'utilisation des lambeaux locaux
traditionnels d'approchernent, de rotation et de transposition trouve son application dans
le traitement de petites zones de cicatrices de brûlure.
L'integrité de la peau autour du placard cicatriciel à supprimer est une condition
nécessaire à cet emploi.
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Fig.
2B Aspect 10 mois après l'intervention de greffes cutanées. |
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Les lambeaux peuvent être soit à
vascularisation "random" soit à vascularisation axiale. Les premiers
requièrent, pour leur survivance, un rapport exact entre la longueur et la base du
lambeau, les autres requièrent la présence d'un pédicule vasculaire bien identifié.
Ils sont aussi plus fiables par rapport aux précédents et leur longueur ne dépend pas
de la largeur de la base.
Si la perte de substance est importante et les tissus voisins ne sont pas disponibles ou
ils le sont en quantité insuffisante, on peut utiliser des lambeaux à distance,
préparés soit avec des méthodes plus récentes et complexes comme il se passe pour les
lambeaux micro-chirurgicaux.
Nous utilisons de préférence les lambeaux quand l'excision de la cicatrice
hypertrophique montre des structures nobles, comme les tendons, les vaisseaux, les nerfs.
En plus ils ont l'avantage d'être moins susceptibles à la rétraction cicatricielle.
Toutefois cette technique présente quelques limites, par example l'emploi limité de peau
pour la reconstruction de zones assez larges.
L'obtention de vastes lambeaux cutanés de voisinage, de même coloration, grâce au
procédé d'expansion tissulaire, permet la correction chirurgicale des cicatrices pour
lesquelles les procédés traditionnels apportent rarement des solutions satisfaisantes.
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Fig. 3A
Brûlure de la face palmaire de la main gauche par une presse; aspect avant
l'intervention. |
Fig. 3B Aspect
un an après l'intervention par lambeau à distance de l'abdomen. |
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Le principe fondamental de cette technique
c'est qu'on peut disposer, dans la région immédiatement voisine du placard cicatriciel a
supprimer, d'une quantité de peau suffisante de la même texture et la même coloration
qui permet de recouvrir sans traction la zone d'exérèse.
La technique consistera dans un premier temps opératoire de placer sous la surface de la
peau saine juxta-cicatricielle un bollonet gonflable (ou prothèse d'expansion)
approprié. Celui-ci sera alors gonflé progressivement de façon à obtenir une
exposition de la peau saine qui viendra recouvrir dans un deuxième temps opératoire le
déficit cutanée créé par l'éxèrese du tissu lésé.
Le choix des prothèses d'expansion résulte de l'étude de la perte de substance a
recouvrir, de ses dimensions, de la localisation du terrain vasculaire des cicatrices
éventuelles pré-existantes et de la prevision du tracé du lambeau d'expansion.
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Fig. 4A Cicatrice
hypertrophique de la région cervicale en face et de profil. |
Fig. 4B Aspect
à la fin de l'expansion conduite par deux prothèses. |
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Discussion
Les séquelles les plus graves d'une
lésion thermique sont la formation des cicatrices rétractiles, hypertrophiques et des
chéloïdes. La rétraction n'est pas limitée à la brûlure de troisième degré. Celle
de deuxième degré aussi, qui intéresse seulement l'épaisseur partielle de la peau, se
retire pendant la cicatrisation. La rétraction sera majeure dans le cas des paupières,
des lèvres, des joues, du cou et dans les surfaces articulaires.
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Fig.
4C Aspect un an après l'intervention en face et de profil. |
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Pour réduire les déformités
cicatricielles dans ces sièges, il est necessaire, dès les premiers mois, l'emploi de
remèdes médicaux et physiothéra peutiques. Pour un traitement chirurgical correct,
d'abord on fait une recherche soigneuse sur le temps et l'évolution de la cicatrice;
ensuite un examen objectif qui évalue l'épaisseur, la couleur et la souplesse de la
cicatrice, son extension, sa profondité et son siège anatomique; enfin on évalue le
déficit esthétique et fonctionnel qui en dérive. Les techniques chirurgicales dont nous
disposons sont différentes et parfois, pour terminer la correction de graves
déformités, il est nécessaire d'en utiliser plusieures. Dans nos expériences l'emploi
des greffes est limité aux phases précoces de la brûlure et dans les stades tardifs il
trouve son application dans les cicatrices rétractantes des paupières et de la lèvre
inférieure. La tendance à la rétraction, la couverture insuffisante des plans profonds,
l'aspect esthétique pas toujours satisfaisant, parfois avec des hypo- et
hyperpigmentations, sont les désavantages et les limites des greffes. Les plasties en
"Z" sont un très bon instrument pour les cicatrices rétractantes linéaires
pour en obtenir un allongement et un changement de direction.
Les résultats que nous avons obtenus dans l'emploi de cette méthode pour les cicatrices
rétractantes du pilier antérieur de l'aisselle et de l'articulation du coude ont été
très satisfaisants.
Leur avantage a été celui d'avoir réduit le déficit fonctionnel en récupération
totale de l'aspect morphologique et esthétique.
L'utilisation de lambeaux locaux à vascularisation "random" ou axiale,
transposés, tournés et avancés, requiert un tissu de bonne qualité tout près de la
cicatrice. Ces lambeaux sont indiqués pour recouvrir des pertes de substance de petites
dimensions.
Si le placard cicatriciel est très étendu, nous utilisons l'expansion cutanée,
technique récente qui nous permet de gagner de la peau de la même couleur et texture à
suffisance pour couvrir sans tension la vaste zone d'exérèse.
Le choix du nombre, de la forme et du volume des prothèses résulte de l'étude de la
perte de substance à recouvrir, de la peau proche et de la prévision du tracé du
lambeau d'expansion.
Encouragés des bons résultats obtenus, nous préférons cette dernière méthode à
d'autres, plus traditionnelles, quand il est possible.
SUMMARY. A survey is made of the
formation and surgical treatment of pathological scars, which are the most serious
complication in burn patients. The surgical techniques to eliminate these scars are
described - Z-plasty, skin grafts and flaps. Skin expansion is very useful for the surgeon
as it provides him with a sufficient quantity of skin of the same texture and colour.
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