Ann. Medit. Burns Club - voL VII - n. I - March 1994

PRISE EN CHARGE D'UNE PATIENT BRULE ALGIQUE EN PRE-HOSPITALIER

Fonrouge J.M.*, Lakdja F**

RESUME. Les mécanismes physiopathologiques de la douleur sont de mieux en mieux connus, et aujourd'hui on parle de douleur nociceptive, neuropathique et idiopathique. Le comportement du patient peut permettre de reconnaître un processus douloureux avant que le patient ne l'exprime. Prendre en charge un patient brûlé en pré-hospitalier nécessite une capacité d'identifier et de traiter la ou les douleurs initiales, la douleur due au stress et les douleurs iatrogènes. Il faut donc savoir choisir la sédation adaptée.

Il est important, aujourd'hui, de considérer la douleur comme un véritable problème médical au même titre qu'un ictère, une fièvre, une anémie.La médecine a exprimé la progression de ses connaissances lorsque des mots au singulier (la fièvre, l'anémie ... ) sont devenus des mots au pluriel pour la recherche diagnostique.La douleur n'existe pas... au singulier! Il y a DES douleurs et c'est le rôle du médecin d'identifier celle dont un patient se plaint.Un patient victime de brûlures peut percevoir ainsi différents types de douleurs selon l'agent causal de la brûlure (flammes, caustiques, électricité, etc.), l'importance de celle-ci, et des douleurs différentes encore durant ses traitements.La douleur chez le brûlé n'échappe pas à la démarche fondamentale d'identification nécessaire pour apprécier son type. Cette étude clinique de la douleur doit être systématique face à toute plainte algique de la part d'un patient.Le médecin ne doit pas orienter l'expression du patient mais, au contraire, lui laisser le choix des mots pour la définir dans sa durée, sapériodicité, son intensité, son aspect, ce qui la soulage, etc.
Ce n'est qu'après l'identification de cette douleur ou ses différentes composantes que le praticien peut concevoir une démarche thérapeutique adaptée et efficace.
Les mécanismes physiopathologiques de la douleur sont de mieux en mieux connus, et on parle ainsi de douleur: - nociceQtive (cutanée, viscérale, somatique profonde) par des phénomènes mécaniques, inflammatoires ou ischémiques;

• neuroj2athiaue (dont les désafférentations);

• idiol2athieue (psychogène).

Le brûlé peut présenter un ou plusieurs de ces mécanismes. On peut même, chez ces patients, isoler une douleur neuropathique aiguë. Le comportement du patient peut être significatif et permettre de reconnaître un processus douloureux avant que le patient ne l'exprime. Ainsi, il faut savoir interpréter la signification:

• d'une agitation;

• d'une transpiration, de la présence de sueurs;

• voire de malaises par hyperparasympathisme qui évoquent l'existence voire la prochaine survenue d'une douleur nécessitant une stratégie antalgique pré-emptive.

Ainsi, le patient brûlé peut s'inscrire dans un cercle délétère: choc - stress - douleur.
Prendre en charge un patient brûlé en pré-hospitalier nécessite donc une capacité d'analyse pour identifier et traiter la ou les douleurs initiales, la douleur due au stress, les douleurs iatrogènes.
La médicalisation de ces patients (parfois polytraumatisés) fait appel à toutes les techniques d'anesthésies (blocs loco-régionaux, kétamine, morphinornimétique, etc.) pour assurer une "sédation" adaptée.

SUMMARY. The physiopathological mechanisms of pain are increasingly better known, and today we speak of nociceptive, neuropathic and idiopathic pain. A patient's behaviour can enable us to recognise a pain process even before the patient describes it himself. When a bum patient is awaiting hospitalization it is necessary to be able to identify and treat initial pain or gains, pain due to stress and iatrogenic pain. It will then be necessary to choose the appropriate sedation.

BIBLIOGRAPHIE

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