Annals ofBurns and Fire Disasters - vol. IX -
n. 2 - June 1996
BRULURES
INDUSTRIELLES
Escarduca Dias
J.M.
Aimée de l'Air
Portugaise, Portugal
RESUME. L'auteur
traite le sujet des brûlures industrielles, avec un intérêt particulier pour le
Portugal. Cette forme de lésion a augmenté ,i (~ause de la forte industrialisation des
années récentes. Il décrit son expérience avec environ mille patients atteints de
brûlures chimiques Pi ovenant des industries transformatrices chimiques. L'auteur conclut
en soulignant l'importance de la prévention et de l'éducation pour surer la sûreté au
travail.
La première référence à une brûlure considérée comme accident de travail, avec ses
implications médicolégales, a été publiée en 1838, quand un plombier qui trav,i i 11
a i t le soir a versé de l'étain liquéfait dans sa botte. Le iLaitement pratiqué
consistait en l'application topique d'une mélange de spermaceti, laudanum et charbon
animal, tout en saignant le malade. Ce traitement a été repeté plusieurs fois et a
terminé par guérison, malgré tout, quin-7ejours après.
La forte
industrialisation du monde moderne a aug~rienté énormément l'incidence des brûlures
produites au i r h va i 1, et a attiré l'attention de la médicine sur un type de
lésion une fois consideré de mineure importance, encadré ,~o chapitre des blessures.
Uépidémiologie des brûlures, soient-elles thermiques, -~r,c1riqLîes ou chimiques,
s'est mise d'accord avec les condî(ioits sociales: la fréquence s'aggrave quand
l'agitation âogniente. Il y a des causes determinantes dans ces pencides - l'indiscipline
pendant le travail, la condition émoiionelle des travailleurs, et les brèches dans la
ligne de proiltict ion par la réduction drastique des postes de travail.
De
toutes les lésions du travail les brûlures étaient il y à quelques dizaines
d'années le principal motif de graves ,~,quel1es, et bien que celles-ci soient
aujourd'hui moins limitatives, grâce aux progrès dans le domaine de la chihirgie
réparatrice, elles constituent, malgré tout, un poids (top lourd dans l'ensemble
des incapacités.
ALI Portugal, considérant à peine une année de valeurs iijoyennes, 1991, on constate
qu'il y a eu 8174 cas régi-,(rés, soit, par rapport à la totalité des accidents de
travail ('?') ~ 884), un pourcentage de 2% (Fig. 1), dont la plupart sf, situe dans
les industries transformatrices (Fig. 2).
ALI contraire, si l'on compare le numéro de décès par brifflure au numéro de décès
dans la totalité des accidents ~lf- fravail on trouve un taux plus haut de 50/c, desquels
5W~c sont produits par électricité (Fig. 3).
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Fig.
1- Distribution des accidents de travail et décès. |
Fig.
2 - Distribution des causes des brOlures. |
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Fig.
3 - Distribution des causes du décès. |
Fig.
4 - Distribution des causes des accidents. |
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Notre expérience
Nous avons traité environ
3000 brûlés pendant notre activité (Fig. 4), dont plus de 30% sont des cas de
brûlures chimiques provenant des industries transformatrices chimiques, supportés par
les compagnies d'assurance pour lesquelles nous travaillons. Cela devient une valeur
évidemment haute, comparativement au chiffre courant de 7%.
Cette expérience nous a conseillé d'adopter certaines règles de conduite.
A la rigueur, ces cas ne sont pas de vraies brûlures, selon le sens comun du concept.
Leur origine n'étant pas le feu, elles se comportent différemment et exigent certaines
particularités pour le traitement (Fig. 5). Tandis que les brûlures thermiques ou
électriques viennent dès le début assez bien définies en surface et en profondité,
les brûlures chimiques sont insidieuses et il faut attendre quelques jours, après un
abondant néttoyage à l'eau courante (on n'emploie jamais de neutralisants), pour avoir
une bonne définition de la profondité de la brûlure. Si l'on attend on aura de vraies
surprises qui dépenseront quelques fois une excision et par conséquence le besoin de
greffes. Cela se doit au mécanisme de production de la brûlure chimique, qui dérive de
deux actions différentes: la réaction exothermique qui se produit et l'action du
caustique qui provoque la coagulation des protéines. La première est en géneral peu
importante, et la deuxième est pratiquement contrôlée lorsqu'on agit très vite et avec
persistance, avec le nettoyage à l'eau. Cette rapidité est aussi importante que l'on a
conseillé d'agir même avant de déshabiller la personne, sous ses vêtements,
directement sur le corps.

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Fig.
5 - Brûlure chimique. |
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Cette méthode, disons
moins interventionniste, continue avec le nettoyage chirurgical et l'excision des
flictènes et des débris. Le bandage, fermé et légèrement compressif, nous le faisons
depuis longtemps après un nettoyage au Betadine dermique, avec des compresses
imprégnées de nitrofuracine (Rayonfur, au Portugal). On refait ce bandage tous les trois
jours, sous anesthésie générale ou sédation au besoin. Cette méthode fonctionne bien
surtout pour les brûlures parsemées de caustique soit des acides, soit des alkalis. Les séquelles,
généralement des cicatrices hypertrophiques ou des rétractions, sont traitées à
la manière courante avec compression et application intradermique au moyen du Dermajet,
ou bien chirurgicalement avec des greffes ou des lambeaux.
Prévention
On cherche à assurer que
toutes les usines et tous les ateliers soient équipés avec les meilleures conditions de
protection et de secours pour ce type de agression: vêtements, gants, bottes, douches,
lavoirs. Mais c'est surtout sur l'éducation qu'il faut intervenir au moyen de petits
cours à l'aide de supports audio-visuels, avec une sensibilisation à l'importance de la
sûreté au travail.
SUMMARY.
This article considers industrial bums, with particular reference to Portugal. This
kind of lesion has increased owing to the spread of industrialization in the last few
years. An account is given of the author's experience with about a thousand patients
suffering from chemical bums sustained in chemical manufacturing factories. It is
emphasized in conclusion that the most important factor is prevention and education in
order to guarantee safety at work.
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This paper was
received on 6 June 1995.
Address correspondence to: Brig. Jos6 Escarduca Diaz M.D., Paca de Alvalade, 2, 2DTO -
1700, Lisboa, Portugal. |
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