% vol = 2 number = 1 prevlink = 12 nextlink = 30 titolo = "LES DÉTERMINANTS DE LA RÉACTION TRAUMATIQUE CHEZ LES PERSONNES BRÛLÉES" data_pubblicazione = "Juin 2001" header titolo %>
RÉSUMÉ. La brûlure et ses conséquences dévastatrices tant physiques que psychologiques, représentent un traumatisme majeur. Le traumatisme est un phénomène qui comporte plusieurs composants (émotionnel, cognitif, comportemental et social) qui interagissent les uns avec les autres et peuvent se renforcer mutuellement. Dans cette recherche, 67 victimes de brûlures ont été soumises à un questionnaire afin d'examiner les déterminants de la réaction traumatique. Les résultats révèlent que le seul facteur capable de prédire chacun des composants de la réaction traumatique est la recherche de signification de l'événement. De plus, les facteurs subjectifs (tels que le support social, la recherche de signification) sont meilleurs prédicateurs de la réaction traumatique que les facteurs objectifs (tels que les variables démographiques, les variables propres à la brûlure, le temps écoulé depuis l'accident). Chaque composant de la réaction traumatique est prédit par un ensemble différent de facteurs. Chaque facteur doit donc êt e considéré séparément lorsqu'on essaye d'aider les victimes de traumatisme. Ceci illustre l'importance de cette étude, dont le but était d'être un instrument pour planifier les interventions avec les victimes d'événement aussi dramatique que la brûlure.
Mots clés : traumatisme - brûlure - problèmes psychologiques.
Depuis une vingtaine d'années, la recherche en psychologie sociale s'intéresse de plus en plus aux réactions des personnes victimes d'événements traumatiques tels que la perte de travail, le viol, le rapt,les maladies graves ainsi que les accidents. Le traumatisme est défini comme un événement soudain, inattendu et menaçant pour la vie et l'intégrité physique de la victime [1]. Le traumatisme est un phénomène constitué par de multiples composants qui interagissent les uns avec les autres et peuvent se renforcer mutuellement. II atteint la victime au niveau affectif, cognitif, comportemental et social. Premièrement, au niveau affectif, la victime fait l'expérience d'émotions, pour la plupart, négatives, diverses et intenses. Celles-ci affectent la victime non seulement au moment de l'événement mais également lorsqu'elle est confrontée à des reviviscences concernant l'événement : lorsqu'elle en parle [2] ou lorsqu'elle y pense [3].
Deuxièmement, au niveau cognitif, l'événement traumatique porte atteinte aux croyances de base de la victime [4,5]. Les idées que la victime se faisait du monde et d'elle-même sont remises en question. De ce déséquilibre découle souvent le stress et l'anxiété [4,6]. Troisièmement, au niveau comportemental, les victimes développent des manifestations caractéristiques telles que des pensées intrusives fréquentes, de l'hyperactivité neurovégétative, et des évitements d'endroits, d'activités et de personnes associées au traumatisme. L'ensemble de ces manifestations constitue le « Post Traumatic Stress Disorder »(PTSD) (DSM-IV, APA, 1994). Quatrièmement, au niveau social, la victime exposée à un traumatisme éprouve le besoin de parler avec d'autres personnes de son vécu [3,7].
L'impact d'un traumatisme sur un individu n'est pas seulement perceptible immédiatement mais peut rester actif des mois voir des années après l'événement 8. Par exemple, Lehman, Wortman, & Williams [9] montrent qu'après une période allant de 4 à 7 ans, la majorité des victimes ayant perdu un proche dans un accident parle encore de cet événement.
Donc, le traumatisme semble diminuer la qualité de vie de ces personnes à court, moyen et long terme.
Notre étude veut examiner les variables objectives et subjectives susceptibles d'influencer la réaction traumatique. Pour étudier cette question, nous avons envisagé ces variables dans le cadre du traumatisme vécu par les victimes de brûlures.
La brûlure avec ses conséquences dévastatrices tant sur le plan physique (défiguration, handicap, . . .) que psychique (anxiété, douleur, dépression, ...) représente certainement un exemple type de traumatisme. En effet, dans l'anamnèse d'une personne brûlée se retrouvent les caractéristiques principales du traumatisme défini parGreen [1] : menace, soudaineté, imprévu. De surcroît, la personne devra subir de nombreux traitements médicaux qui seront à leur tour des moments pénibles et traumatisants.
En dehors de l'étude menée par Perry, Difede, Mungsi, Frances & Jacobsberg [10], les recherches, à notre connaissance, se sont peu intéressées aux facteurs spécifiques qui facilitent ou conditionnent l'adaptation de la personne au traumatisme. L'observation des personnes brûlées offre, pourtant, l'opportunité d'étudier certaines variables déterminantes de l'ensemble des manifestations constituant la réaction traumatique. Les résultats de cette étude devraient aider à mieux planifier les interventions auprès de personnes victimes de traumatisme.
La première variable est constituée par les paramètres démographiques de la victime : le sexe, l'âge et l'état civil. Ces paramètres vont-ils influencer la réaction traumatique d'une victime ?
La deuxième variable est représentée par le « temps depuis l'événement ». Basé sur la présomption que le temps efface les blessures, nous pensons que le temps va jouer en faveur d'une diminution de la réaction traumatique.
I a troisième variable fait référence aux paramètres de la brûlure : l'étendue de la brûlure ou la surface totale du corps brûlé (TBSB) et la localisation de celle-ci. Dans notre société, les gens parlent toujours du rôle de l'apparence , aussi sommes nous convaincus qu'une brûlure localisée dans des zones visibles peut ébranler un individu [11,12]. En fait, la littérature suggère
l'hypothèse d'une relation entre les problèmes esthétiques et la réadaptation psychologique et sociale de la personne brûlée [13,14,15,16]. Existe-t-il une relation entre la TBSB et/ou la localisation de la brûlure, témoins de l'importance de l'événement, et les composants de la réaction traumatique ?
Les conséquences objectives d'un tel événement constituent la quatrième variable supposée jouer un rôle important dans le développement de la réaction traumatique. Faire l'expérience de la brûlure est lourde de conséquences : perte de travail, de biens et d'argent [7,13,17,18]. Les conséquences rappellent constamment à la personne l'événement dont elle a été victime. L'hypothèse est donc que plus les conséquences objectives d'un tel événement sont importantes, plus forte sera la réaction traumatique.
Le support social et l'aide apportée par le réseau social représentent la cinquième variable supposée avoir un impact sur les composants du traumatisme. En effet, les personnes victimes d'événements graves se tournent vers les autres pour recevoir assistance et support [19]. Ce support doit être adéquat : il doit être approprié aux difficultés et aux besoins des victimes. Si ce n'est pas le cas, l'individu peut avoir des réactions de retrait et d'isolement [12,20]. Par conséquent, la réponse sociale joue un rôle important dans la modération de la gravité et de la durée du traumatisme [3,8,21]. Ainsi, notre hypothèse est que moins le support social est adéquat, plus la réaction traumatique sera importante.
La sixième variable qui pourrait influencer le traumatisme, est la signification de l'événement. La personne, victime d'un événement traumatique, va essayer de donner une sens à cette expérience [22,23]. Cette recherche de signification est soutenue par des processus cognitifs tels que trouver une explication causale à cette expérience [24] ou encore pouvoir évaluer l'impact de l'événement sur la vie de la victime [25]. L'hypothèse de notre étude est que plus la recherche de signification resté active, plus la réaction traumatique est importante.
1) Participants
11 Les critères d'inclusion : (a) toutes personnes adultes hospitalisées au Centre de Brûlés de l'Hôpital Militaire Reine Astrid à Bruxelles (Belgique) durant une année(1993); (b) chez ces personnes, la brûlure devait avoir une surface égale ou supérieure à 15% de TBSB et/ou se situer sur les mains et/ou sur le visage (critères de gravité de la brûlure conformes à l'American Burn Association, 1976); (c) l'événement devait avoir eu lieu un an minimum avant notre étude. Deux cent deux personnes répondaient aux critères de l'étude mais seules 110 ont pu être localisées.
Les critères d'exclusion : parmi les 110 personnes localisées, (a) 3 personnes étaient décédées, (b) 2 ne parlaient ni le français ni le néerlandais (langues utilisées dans cette recherche) ; (c) 8 étaient trop âgées ou trop malades pour pouvoir répondre au questionnaire ; (d) 7 personnes ont refusé de participer à la recherche et 23 ont omis de se présenter au rendez-vous.
L'échantillon final de cette étude consiste en 67 personnes (43 hommes (64%) et 24 femmes (36%)).
2) Le questionnaire
Notre étude se base sur des données récoltées par questionnaire rempli par les personnes en présence d'un même examinateur. Les questions posées ont évalué d'une part les différents composants de la réaction traumatique (affectif, cognitif, comportemental et social) et d'autre part les variables présumées déterminer celle-ci (les variables démographiques, le temps depuis l'accident, la TBSB et la localisation de la brûlure, les conséquences objectives, le support social et la signification de l'événement).
Les quatre composants de la réaction traumatique
• Pour déterminer le composant affectif de la réaction traumatique, les participants ont évalué leurs émotions négatives. Les personnes devaient apprécier leur état émotionnel, au moment de l'étude, en rapport avec l'événement sur une échelle à 7 degrés (1= pas du tout à 7= tout à fait) et ce pour chacune des 8 émotions négatives : la tristesse, la colère, le dégoût, la peur, la honte, la culpabilité, l'anxiété et le mépris.
• En ce qui concerne le composant cognitif de la réaction traumatique, ce sont les croyances de base qui ont été évaluées. Partant du « World Assumption Scale » de Bulman (1989) [7] , un questionnaire d'évaluation de l'impact de l'événement sur les croyances de base fut construit. Les participants évaluaient la modification provoquée par l'événement sur leurs croyances de base. 9 items étaient inclus : la valeur, l'efficacité, la chance, la confiance en eux, dans les autres et dans le monde, la sécurité, l'estime de soi, la justice. L'échelle utilisée était à 7 degrés (1= modifié positivement, 4= pas modifié à 7=modifié négativement).
• Le composant comportemental est évalué grâce aux symptômes PTSD. Partant du DSM-IV (American Psychological Association, 1994), nous avons retenu 14 symptômes : souvenirs, rêves et cauchemars, sensations « comme si », évitements de pensées, d'activités et de lieux, diminution d'intérêt pour des activités et des relations, difficultés à exprimer ses émotions, difficultés de sommeil et de mémoire, avenir bouché, nervosité, sursauts, sensations corporelles. Les participants ont évalué sur une échelle à 7 degrés (1= pas du tout à 7= tout à fait) dans quelle mesure ils éprouvent les différents symptômes au moment du questionnaire.
• Le composant social de la réaction traumatique est représenté par le partage social de l'événement. Trois items ont évalué comment la victime partage l'événement au moment de l'étude : le premier est l'évaluation du besoin d'en parler encore aujourd'hui, le deuxième est la fréquence avec laquelle les participants en parlent encore et le troisième est J'envie d'en parler. Les participants évaluent ces trois items sur des échelles qualitatives à 5 degrés allant de jamais à beaucoup.
Les acteurs prédictifs des co~-posants de la réaction traumatique.
Cette deuxième partie du questionnaire se compose de 6 ensembles de questions.
• Les variables démographiques : les participants indiquent leur âge, leur sexe, et leur état civil (marié(e), divorcé(e), veuf(ve), cohabitante) ou célibataire).
• Le temps depuis l'accident : nous avons encodé le nombre de mois écoulé depuis l'accident.
• Les variables liées à la brûlure sont d'une part la TBSB (établie selon le diagramme de Lund-Bowder) et d'autre part la visibilité de la brûlure. En ce qui concerne cette deuxième variable de la brûlure, le participant évalue si, au moment de l'étude, lorsqu'il est habillé, les cicatrices sont visibles ou non (0= cicatrices non visibles, 1= cicatrices visibles).
• Conséquences objectives d'un tel événement. Les participants estiment si oui ou non, 4 conséquences de l'accident ( perte de bien, perte de travail, difficultés économiques, interventions chirurgicales reconstructrices depuis l'accident jusqu'au moment de l'étude) les concernent(o= ne me concerne pas, 1=une concerne).
• Support social. Deux aspects du support social sont pris en compte. Le premier mesure les réactions positives de l'entourage intime vis à vis des participants. Sur des échelles à 7 degrés (1 jamais rencontré,7=très souvent rencontré), les participants évaluent dans quelle mesure ils ont rencontré 9 comportements sociaux positifs (aide matérielle, écoute, conseils, actions concrètes, aider à comprendre et envisager les choses de manière sensée, expression d'affection, offrir des compétences particulières, affirmer la place de la victime). Le deuxième aspect du support social évalue les changements dans les relations avec (a) leur partenaire, (b) leurs amis, (c) leurs collègues et (d) les gens en général sur une échelle à 7 degrés (1=changée négativement, 4=pas de changement, 7=changée positivement).
1 Recherche de signification. Deux aspects de la recherche de signification sont envisagés dans l'étude: d'une part le sens et la signification de l'événement et d'autre part la compréhension de cet événement. Les participants évaluent sur une échelle à 7 degrés (1=pas du tout, 7=tout à fait) l'effort qu'ils font encore au moment de l'étude pour arriver à trouver des réponses à ces deux aspects de la recherche de signification.
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3) Méthode statistique
Pour chaque composant de la réaction traumatique et pour chacune de nos variables prédictives, nous avons testé la fiabilité des échelles utilisées à l'aide d'un Cronbach's Alpha. Les items sont consistants lorsque les valeurs sont plus grandes que 0.65. Lorsque cette condition est remplie, un score était établi pour chaque variable du questionnaire en calculant la moyenne des estimations du participant pour chaque item de la variable. Sur base de ces scores, nous avons effectué une analyse de régression afin d'examiner la relation linéaire entre nos variables dépendantes ( les composants de la réaction traumatique) et chacune de nos variables indépendantes (les facteurs déterminants objectifs et subjectifs).
Les personnes qui ont participé à notre étude ont entre 17 et 81 ans (N1=-15.05. SD=15.89). Une majorité d"entre eux est ouvrière (39° o, N=26) et employée (37° o, N=2-1). Quarante-cinq participants sont mariés (67° o ). 16 sont célibataire (24° o ), 2 sont séparés (3 ° o) et -1 sont veufs (6° o). Quarante-quatre participants ont des enfants (66° o ). Leur accident a eu lieu entre 13 mois et 47 mois avant Vétude (ICI=26.91, SD=10.1-1) et leur TBSB était en mov_ enne 18.78°o (SD=15.26).
La consistance interne de nos items était élevée pour les émotions (=0.77), les symptômes PTSD (=0.87). le partage social (= 0.86), l'adéquation du support social (= 0.86), la recherche de signification (=0.89). La consistance interne de nos items était satisfaisante pour les croyances de base ( =0.67) et les changements dans les relations (=0.65). En ce qui concerne les conséquences objectives de l'événement, la somme des réponses a été effectuée.
Nous avons effectué des Analyses de Régression Hiérarchique Multiple pour chacun des composants de la réaction traumatique. Les variables suivantes furent entrées successivement dans une analyse de régression hiérarchique multiple : (1) les données démographiques (sexe, âge, et état civil), (2) le délai écoulé depuis le traumatisme, (3) les données liées à la brûlure, (4) les conséquences objectives de l'événement, (5) le support et (6) la recherche de signification. En fait, les données entrées les premières étaient celles qui avaient le moins de chance d'être déformées par la perception subjective des victimes de brûlure. Ensuite, les données sont de plus en plus subjectives car elles reflètent les sentiments et la perception subjective de l'événement. Comme illustré dans les tableaux 1,2,3, et 4, la combinaison de toutes les données énumérées correspond à un R2=31 % de la variance des émotions négatives, R2=38% de la variance des croyances de base, R2=51% de la variance des symptômes PTSD, et R2= 55% de la variance du partage social. Examinons, à présent, chaque composant de la réaction traumatique en détail.
Comme le montre le tableau 1, les émotions négatives ressenties aujourd'hui à propos de l'événement traumatique sont prédites par les conséquences objectives de l'événement et par la recherche de signification.
Les facteurs prédictifs qui influencent le plus les croyances de base sont la TBSB et la recherche de signification (Tableau II). Les changements dans les relations ont une relation marginale avec les croyances de base : ainsi les participants estiment que leurs croyances ont moins changé s'ils perçoivent que leurs relations avec les autres ont évolué positivement.
Comme le montre le Tableau III, les symptômes de PTSD sont prédits par la TBSB, l'adéquation du support social et la recherche de signification. La TBSB et la recherche de signification sont associées positivement avec les symptômes du PTSD. Il este une relation positive entre l'adéquation du support social et les symptômes du PTSD de sorte que plus le support social est grand plus les symptômes du PTSD sont importants.
Finalement, les conséquences objectives et la recherche de signification sont les prédicateurs du partage social (Tableau IV). La visibilité de la brûlure a une relation marginale positive avec le partage social ceci montre que plus la brûlure est visible, plus les victimes vont parler de l'événement avec les autres.
Comme le montre le Tableau V, toutes les corrélations entre les différents composants de la réaction traumatique sont positives (classées entre r(67)=0.29 à r(67)=0.40), mais avec une force modérée. Les interrelations entre les quatre composants de la réaction traumatique accentuent le fait que malgré cette interrelation, ils restent partiellement indépendants.
Les résultats de notre étude montrent que les variables démographiques (tels que le sexe, l'âge et l'état civil) n'ont aucun effet sur la réaction traumatique. Brown, et al. [26] tirent également comme conclusion de leur étude que le sexe et l'état civil n'ont que peu d'influence sur l'adaptation psychosociale de la personne brûlée. Ceci est surprenant car contradictoire à l'idée communément acquise que certains groupes tels que celui des femmes et celui des personnes isolées ont besoin de plus d'aide que les autres [27]. L'implication de ces données semble dire que chaque personne doit être prise en considération de manière équivalente indépendamment des variables objectives de sexe ou d'état civil.
De la même manière, le facteur « temps depuis l'accident », dans notre étude, n'a pas d'impact sur les différents composants de la réaction traumatique. Ce résultat doit néanmoins être nuancé : en effet, une partie de la littérature se situe durant la première année du drame, période qui n'est pas considérée par notre étude. Certains auteurs ont appelé cette période la o Mourning Period ». La littérature suggère que durant cette phase la personne brûlée récupère tant physiquement que psychologiquement [13,28,29,30]. Une autre partie de la littérature envisage les conséquences psychosociales plus d'un an après le drame. A ce moment, les résultats des recherches montrent que la majorité des patients ont retrouvé leur niveau antérieur de fonctionnement et dans certains cas un niveau supérieur [31]. Notre recherche suggère qu'après un an, le temps ne contribue plus à la réaction traumatique.
Les facteurs liés à la brûlure (la TBSB et la visibilité) n'ont dans cette étude qu'un impact limité sur les composants de la réaction au traumatisme de la brûlure. Ainsi, l'impact de la TBSB contribue aux symptômes du PTSD et aux changements des croyances de base. Concernant le PTSD, la même conclusion se retrouve dans l'étude de Powwers, Cruse, Daniels et Stevens [32] qui ont également mené leur recherche un an après l'accident. Patterson, Carrigan, Questad et Rubonis, [33] dans une étude se situant trois mois après l'accident, établissent aussi un lien entre l'importance de la TBSB et la gravité des symptômes PTSD. Ces données sont en contradiction avec les résultats de l'étude de Perry et al [ 10]. Dans cette recherche, les patients les moins brûlés sont ceux qui développent le plus de symptômes PTSD, 2 mois après l'événement. Malheureusement, ces auteurs continuent à étudier
l'évolution du PTSD à 6 et 12 mois mais ils omettent de mentionner, à ces dates, 1a corrélation entre le PTSD et la TBSB. La TBSB semble également avoir un impact sur les croyances de base. Plus une personne est brûlée, plus ses croyances de base (ex : la bienveillance du monde et des gens, la justice, l'estime de soi) sont profondément perturbées. Retrouver un équilibre semble difficile quand la présence des cicatrices rappelle sans cesse les causes de ce déséquilibre.
Dans notre étude, la visibilité des cicatrices et les conséquences objectives ont un lien avec le partage social de l'événement. La littérature semble reconnaître l'existence d'un rapport entre la localisation de la brûlure et les conséquences psychosociales qu'elles engendrent [13,16,34]. Si les brûlures sont visibles et/ou si l'événement engendre des difficultés économiques et physiques, les victimes vont parler du problème avec leur entourage. Plusieurs raisons seraient à l'origine de ce comportement : premièrement, il paraît normal de devoir donner à son entourage des explications sur l'origine des cicatrices et par-là de partager plus souvent le drame vécu ; deuxièmement, les victimes parlent afin d'obtenir une aide concrète (ex: financière, conseils) et troisièmement, elles doivent expliquer pourquoi elles ne peuvent, par exemple, répondre à une invitation, reprendre leur travail, ...; quatrièmement : les personnes brûlées vont également parler du drame et ses conséquences afin d'être mieux comprises par leur entourage.
Ceci nous mène au facteur suivant : le support social qui a un impact sur le composant comportemental de la réaction traumatique. Ainsi, l'adéquation du support social est prédictive du composant comportemental de la réaction traumatique à savoir le PTSD. Paradoxalement, à l'inverse de Perry et al. [10], notre étude met en évidence que plus le support social est adéquat et présent, plus les symptômes de PTSD sont importants. La question se pose de savoir si c'est la présence des symptômes de PTSD qui entretient la quantité de support ou si le support social est maintenu par la victime comme bénéfice secondaire. Des études longitudinales ultérieures sont nécessaires pour répondre à cette question.
La recherche de signification est le seul facteur de notre recherche dont l'impact est significatif sur les quatre composants de la réaction traumatique. Certains auteurs ont montré que plus cette recherche reste active plus les réponses émotionnelles sont importantes [24]. En effet, lorsqu'un individu est victime d'un événement traumatique, il réalise que son bagage cognitif- les croyances ou les espoirs qu'il
avait à son propos et à propos du monde- est fortement remis en question [4]. C'est tout le système conceptuel de la victime qui est ainsi mis en péril [7].
Dans notre étude, les facteurs subjectifs se révèlent comme nettement plus prédictifs de la réaction traumatique que ne le sont les facteurs objectifs : ceci souligne l'importance du rôle joué par les variables subjectives dans l'adaptation d'un individu à un événement traumatique. En cela notre recherche rejoint les conclusions d'autres auteurs [10,32,36].
Nos résultats soutiennent que la réaction traumatique doit être considérée comme un phénomène multidimensionnel. Comprendre l'impact d'un traumatisme sur une victime est d'autant plus important qu'il affecte la personne dans son entièreté [28] : au niveau affectif, cognitif, comportemental et social. Il faut ajouter qu'il est indispensable, au vu des résultats, d'envisager la réaction traumatique comme une réaction multiple puisque pour chacun de ses composants, on retrouve un pattern de variables prédictives différentes. Chaque facette de cette réaction doit être envisagée de manière spécifique. Seule la recherche de signification a un impact sur les quatre composants de la réaction traumatique.
D'autres recherches devraient essayer de comprendre pourquoi les victimes ont besoin de partage social. Mieux comprendre ce besoin peut aider à augmenter l'empathie envers les victimes. Tout aussi important, le fait de savoir si le temps est un facteur important dans l'adaptation psychosociale de la personne. Pour cela, des recherches longitudinales sont nécessaires. Ces recherches devraient démarrer aussitôt que possible après l'événement et continuer deux ans après le drame.
Notre étude voulait être une aide efficace dans la planification des interventions auprès des personnes brûlées. Ainsi, les résultats suggèrent de tenir compte de chaque individu puisque ni l'âge, ni le sexe, ni l'état civil ne sont prédictifs de la réaction traumatique. Par contre, le psychothérapeute devrait aider les victimes à établir des liens positifs et satisfaisants avec d'autres personnes, des liens basés sur l'échange et le support mutuel. Il devrait aider la victime à retrouver un équilibre dans ses croyances de base. De plus, la création d'un sentiment de contrôle sur le comportement, les pensées et les émotions constituent une étape importante de la prise en charge thérapeutique [37]. Dans leur revue de littérature, Taylor
et Brown [35] soulignent l'importance de trois facteurs subjectifs du bien être d'un individu : (1) l'optimisme, (2) le sentiment de contrôle, et (3) le sentiment d'être une personne de valeur. Aider la personne à construire ou reconstruire ces trois éléments constituent une tâche du thérapeute car ils font parties des 4 besoins nécessaires pour accepter que la vie ait un sens [38] : un projet de vie, un ensemble de valeurs, le sentiment d'être efficace et le sens des valeurs personnelles.
A burn and its devastating consequences both on thé physical and thé psychological level, represent a major trauma. Trauma is a phenomenon that encompasses several components (emotional, cognitive, behavioral and social) which interact with one another and which can reinforcc one another. In ibis study, a questionary was used to interview 67 burnt victims, so as to examine determinants of thé traumatic reaction. Results revealed that thé only factor predicting each composent of thé traumatic reaction is thé search for meaning in thé évent. Furthermore, subjective factors (i.e., social support, search for meaning) appeared to bc far more predictive of thé traumatic reaction than objective factors (e.g., demographic variables, barn-related variables, the timc elapsed since thé trauma). Each component of thé traumatic reaction was predicted by a différent set of factors. Each composent hence needs to bc considered separately when trying to help victims to cope with thé trauma. This illustrates thé importance of this study, which aimed to bc an instrument in thé planning of thé interventions with victims of an event as dramatic as a burn.