<% vol = 2 number = 3 prevlink = 150 nextlink = 157 titolo = "TABLE RONDE (SUITE) RÉINSERTION SCOLAIRE DE L'ENFANT BRÛLÉ EXPÉRIENCE DU C.P R. DE BULLION" data_pubblicazione = "Décembre 2001" header titolo %>

DESCAMPS H.1, TREVELOT J.C.2, LARRUE B.3, VAUCELLE C.4

1 Médecin ; 2 Directeur de l Education Nationale; 3 Psychologue; 4 Assistante sociale Dr H. DESCAMPS, C.PR. de BULLION 78830 BULLION- Tél: 01. 34.85.43.00


RÉSUMÉ. A partir d'une enquête sur questionnaires auprès des médecins, enseignants, psychologues et assistantes sociales du Centre de Pédiatrie et de Rééducation de BULLION, nous avons défini la démarche de réinsertion scolaire et dégagé les grandes lignes de conduite pour que celle-ci s'effectue dans les meilleures conditions : obtenir la collaboration active de la famille, bien évaluer la situation clinique et psychosociale, choisir le type de réinsertion, expliquer, éduquer et rassurer la famille et l'école.


Mots clés : Brûlure de l'enfant, réinsertion scolaire.


Introduction

La réinsertion scolaire de l'enfant brûlé s'intègre dans le projet global de réinsertion (familiale, scolaire, extrascolaire).

Elle doit s'articuler avec le projet thérapeutique médical, rééducation, soins, soutien psychologique et social.

Matériel et méthodes

Population : Le Centre de Pédiatrie et de Rééducation de BULLION accueille les enfants brûlés après leur séjour en soins intensifs et avant le retour à domiçile, c'est-à-dire une période de transition pendant laquelle la scolarisation (école intégrée au centre) est débutée de façon adaptée aux soins et le retour au domicile préparé progressivement par l'ensemble de l'équipe en collaboration avec la famille. [1]


Méthodes : Une enquête a été réalisée auprès du personnel qui intervient plus particulièrement dans l'aspect scolaire de la réinsertion : médecins, enseignants, psychologues, assistantes sociales, sous forme de questionnaire qui va servir de base à un travail sur la démarche de réinsertion (annexe 1).

Par ailleurs, d'autres questionnaires (annexe 2) ont été envoyés à 6 instituteurs qui ont pris les enfants en charge après leur retour à domicile, dans un but d'évaluation.

Les réponses aux questionnaires ne peuvent, bien sûr, bénéficier d'analyse statistique mais constituent une base de réflexion.

Résultats

A partir de cette enquête, le groupe de travail a dégagé des grandes lignes de conduite:


  1. La préparation de la réinsertion doit être précoce dès l'arrivée de l'enfant. L'intérêt de l'enfant est pris en compte et il convient d'y associer les parents, qui jouent un rôle central.
  2. La réinsertion par contact direct avec l'école doit être favorisée : les contacts téléphoniques entre intervenants apportent le plus souvent des échanges d'informations satisfaisants et suffisants. Parfois, à la demande de l'école, des intervenants internes au Centre (psychologues, assistantes sociales, enseignants . ..) peuvent se déplacer pour expliquer, rassurer. Dans certains cas, on établit un contrat de type « projet d'accueil individualisé » (RAI) entre le médecin du centre et les enseignants, contrat qui décrit les contraintes du traitement, les gestes et les précautions à prendre. Enfin, la constitution d'un « projet individualisé d'insertion scolaire » (PLI.S.) après intervention de la C.D.E.S. est rarement nécessaire dans le cas d'enfants brûlés - en l'absence de pathologie associée - car il concerne les enfants handicapés qui doivent bénéficier d'une éducation spéciale.
  3. Autant que possible, la réinsertion doit être progressive : l'enfant et ses parents profitent des permissions thérapeutiques pour rencontrer l'instituteur et les camarades de classe.
  4. Chaque projet de réinsertion est obligatoirement individualisé mais on peut schématiser la démarche de réinsertion en~la scindant en 3 phases

Résultats de l'enquête d'évaluation auprès des enseignants

6 questionnaires ont été envoyés ; 5 réponses sont retournées. La réinsertion a été jugée facile avec un bon accueil par les autres enfants 4 fois sur 5, difficile dans un cas d'adolescent pré-délinquant qui était sorti précocément par mesure disciplinaire et pour lequel un signalement établi au Centre et des mesures éducatives appropriées n'avaient pas eu le temps d'être mis en place.

Les informations explicatives sur la brûlure étaient suffisantes 3 fois sur 5, insuffisantes dans le cas précédent de sortie prématurée et dans le cas d'un enfant pour lequel les informations sur la brûlure avaient été communiquées par les parents et non pas par le médecin scolaire.

Discussion

La réinsertion scolaire de l'enfant brûlé est obligatoire et s'effectue le plus souvent dans son école d'origine, contrairement aux patients adultes qui peuvent, soit reprendre leur ancien travail, soit être réorientés, soit cesser toute activité professionnelle.

Mais cette réintégration ne doit pas être précipitée. Notre expérience montre que les familles se satisfont d'un séjour en centre de rééducation, même s'il prolonge d'autant le temps d'hospitalisation de leur enfant. La scolarisation peut être débutée de façon adaptée aux horaires de soins (infirmiers, kinésithérapie, ergothérapie, psychomotricité ...) et malgré l'incapacité fonctionnelle due aux traitements (pansements, orthèses de postures) pour lesquels des aides techniques sont parfois nécessaires.

Au cours du séjour, l'évaluation du contexte social, psychologique de l'enfant et de sa famille, doit permettre de dépister les conduites à risques, la démotivation et l'absentéisme scolaire, les problèmes relationnels dans la famille et parfois suspecter des mauvais traitements. Ces observations peuvent déboucher sur des mesures particulières : mise en place de soutien psychologique ou pédopsychologique, réorientation scolaire, signalement à l'Inspecteur de l'Enfance ou au Procureur, suivi de mesures éducatives ...

Par ailleurs, le retour de l'enfant en permission les fins de semaine et pendant les vacances, les contacts répétés entre la famille et l'équipe soignante, permettent aux parents de libérer une partie de leur angoisse et de se familiariser avec les soins. Au cours des permissions thérapeutiques, on conseille aux parents de favoriser le contact de l'enfant avec ses camarades et son institutrice afin que ceux-ci puissent apprécier le parcours thérapeutique, demander des explications et être rassurés avant le retour de l'enfant à l'école.

Lorsque la collaboration active avec la famille est difficile à obtenir, l'assistante sociale intervient pour prendre contact avec les parents, éventuellement avec les services sociaux du secteur, l'école, les associations extra-scolaires, afin d'établir un relais.

Pour plus d'efficacité dans la communication des informations concernant la brûlure, i1 est important de contacter le médecin scolaire qui sera l'intermédiaire de choix entre le médecin du centre et l'école. L'évaluation des programmes de réinsertion scolaire de l'enfant brûlé a fait l'objet de peu de publications. Blakeney [2] constate dans une étude qualitative sur questionnaires que les parents et les professeurs sont

plus satisfaits lorsqu'il existe un programme de réinsertion basé sur la projection d'une vidéo présentant l'enfant à ses camarades de classe.

Dans une autre publication [3] elle détermine les grandes lignes d'un programme de réinsertion scolaire qui rejoignent celles que nous avons nousmêmes définies.

Zeitlin [4] évalue les séquelles psycho-sociales à long terme des enfants brûlés et ne retrouve aucune différence de qualification scolaire par rapport à la moyenne nationale.

Cette bonne évolution est constatée même chez les très grands brûlés de plus de 80 % de surface corporelle [5]. Des difficultés scolaires ne sont rencontrées que chez des enfants qui avaient déjà des problèmes avant l'accident [6].

L'importance de l'environnement familial et de l'existence ou non de conflit parents-enfant est soulignée [7] ainsi que la nécessité d'effectuer un travail avec la famille pour diminuer les tensions et permettre une bonne cohésion, surtout lorsque l'enfant est défiguré [8].

Conclusion

L'évaluation clinique, psychologique et sociale constitue la lère étape de la réinsertion de l'enfant brûlé et doit déboucher sur des mesures adaptées à chaque cas particulier. Des explications suffisantes, une éducation suivie tout au long de l'évolution cicatricielle, doivent diminuer l'angoisse de l'enfant, de sa famille et de l'école et permettre une bonne réinsertion.

Summary

The answers of doctors, teachers, psychologists and social workers of the Centre BULLION of Paediatrics and réhabilitation, allowed us to define the method of school come back and the best way to obtain the adhesion of the children family. We must choose the kind of comc back and we have to explain, to educate and to reàssure the farnily and thé school.



Key words: Buchild, school reabilitation.


BIBLIOGRAPHIE

  1. Descamps H., Baze-Delecroix C., Jauffret E. Rééducation de l'enfant brûlé. Encycl. Méd. Chir, Kinésithérapie 26-275-D10,2001, 1-10.
  2. Blakeney P., Moore P., Meyer W., Bishop B., Murphy L., Robson M., Herndon D. Efficacy of school reentry programs J burn care rehabil 1995 jul.-aug., 16 (4) : 469-72.
  3. Blakeney P. School reintegration J hum care rehabil 1995 ; 16 (2) :180-7.
  4. Zeitlin RE. Long tenu psychosocial sequelae of paediatric burns Burns 1997 ; 23 (6) : 467-72.
  5. Blakeney P., Meyer W., Robert R., Desai M., Wolf S., Herndon D. Long tenu psychosocial adaptation of children who survive burns involving 80 % or greater total body surface area. J trauma 1998 ; 44 (4) : 625-32.
  6. Staley M., Anderson L., Creenholgh D., Warden G. Return to school as an outcome measure after a burn injury. J Burn Care Rehabil 1999 ; 20 (1) : 91-4.
  7. Ledoux J., Meyer W., Blakeney P., Hemdon D. Relation ship between parental emotional states, family environment and the behavioural ajustment of pediatric burn survivors. Burns 1998 ; 24 (5) : 425-32.
  8. Cahners SS. A strong hospital, school liaison: a necessity for good rehabilitation planning for disfigured children Scand J plast. Reconstr. Surg. 1979 ; 13 (1) : 167-8.