<% vol = 6 number = 4 nextlink = 195 prevlink = 190 titolo = "Organisation intra-hospitalière" data_pubblicazione = "Mars 2006" header titolo %>

Philippe Boittiaux2,Philippe Pellerin1,Daniel Wassermann3,Thibault Douté4

1 Hôpital Roger Salengro - Lille,2 Service d'accueil et traitement des urgences CHRU de Lille,3 Centre des brûlés de Cochin,4 Directeur d'établissement, Hôpital Salengro, CHU de Lille


L'organisation à l'intérieur de l'hôpital a fait l'objet de quatre interventions.

Philippe Boittiaux du Service d'accueil et traitement des urgences du CHRU de Lille rappelle que différents textes

Loi du 31 décembre 1970, circulaires d'avril et de décembre 1987 (plan rouge, plan Orsec) et 2002, loi hospitalière de 1991) régissent les conditions d'accueil des urgences mais ne concernent pas spécifiquement les brûlés.

En cas de catastrophe, l'hôpital est mis en alerte au niveau des urgences.

Au départ, lors de la mise en alerte 3 impératifs sont à appliquer

L'alerte est faite par la " cellule de crise " dès le déclenchement officiel du plan de secours par la préfecture et/ou le SAMU régional.

Cette alerte doit intervenir le plus tôt possible, avant l'arrivée des premiers brûlés.

En ce qui concerne les locaux, il est nécessaire de prévoir des locaux disponibles : arrêt des programmes opératoires, libération des salles de réveil, dégagement des halls d'accueil et des accès des ambulances...

Les patients des salles de réveil sont répartis en aval selon leur gravité, mais en gardant des places dans l'hôpital sans accès direct dans un premier temps vers le service des brûlés avant de voir l'ampleur de l'afflux.

On utilisera les salles de déchoquage existantes et aussi les chambres de soins intensifs qui auront été libérées avec le schéma suivant

  • Patents graves (brûlures > 40%, et /ou intubés, et/ou choqués) chambres de soins intensifs , salle de réveil,
  • Patients moins graves : box d'accueil puis hospitalisation classique plus un secteur "calme" pour gens "impliqués".
<% immagine "Tableau XII","gr0000014.jpg","",230 %>

En ce qui concerne les Moyens humains

On doit désigner un médecin trieur aidé d'un(e) IDE qui se tiendra à l'accueil des ambulances ; il s'agit d'un second tri puisque un premier a été fait sur le lieu de l'accident.

Une équipe de 3 personnes médecin, IDE et aide soignante) est constituée qui prendra en charge 1 ou plusieurs brûlés.

En outre, il faut un coordinateur médecin + cadre infirmier pour recenser les victimes : nombre, gravité et devenir immédiat en dressant un grand tableau avec l'identité du patient en tenant compte du problème fréquent des " non identifiés " et pour recentrer l'organisation et les besoins.

Il faut aussi maintenir le personnel et rappeler le personnel absent si besoin et aussi des gens ayant travaillé dans les centres de brûlés ++++ (liste) en essayant de ne pas dégarnir les autres services.

L'équipe des urgences s'occupe du bilan, de la réanimation ; l'équipe des brûlés des gestes spécifiques ; leur liaison doit être étroite.

En plus de l'équipe des brûlés, il peut être nécessaire de faire appel à d'autres spécialistes ORL ( blast) traumatologue( lésions associées), pneumologue (fibroscopie) ...

Il faut aussi organiser un soutien moral : psychologue, psychiatre, aumônier.

Du matériel doit être stocké le plus rapidement possible : lits, brancards, solutés, analgésiques, pansements ... etc.. en se servant des réserves du plan MASH et penser à recommander du matériel au fur et à mesure de l'utilisation. La cellule de crise est composée d'un directeur administratif, médecin, cadre de soins, secrétaire . . . . . ..

Elle est en liaison avec le SAMU, les sites d'accueil de l'hôpital, les familles et les médias.

Elle doit informer et organiser, prévoir les locaux, les communications, le matériel, la liste actualisée du personnel, être le lien interne de l'hôpital avec le SAMU et les autorités.

Les brûlés sont dirigés sur le centre de brûlés de l'hôpital, les services de réanimation ou de soins intensifs de l'établissement et si besoin dirigés vers des services de brûlés ou de réanimation d'autres hôpitaux avec des transferts + ou - lointains.

C'est la cellule de crise qui s'occupe de trouver des places avec l'aide du service de brûlés et des contacts directs entre médecins ; le transfert des plus graves est assuré par les SAMU.


En conclusion


  • Un afflux de brûlés se prévoit et s'organise Importance du tri initial
  • Rôle primordial de la cellule de crise de l'hôpital
  • Articulation à définir avec l'équipe du service des brûlés Faire des plans fictifs pour se roder
  • Tirer les enseignements des plans réels

Un exemple dont on a déjà parlé peut être donné Explosion de Ghislenghien, 30 juillet 2004 24 morts (dont 18 sur place) et 133 blessés Afflux de 10 brûlés au CHRU de Lille

Conditions optimales

  • Alerte longue : on a le temps de s'organiser
  • Un jour de la semaine : on a plus de personnel
  • En fin de matinée : l'équipe d'après midi a renforcé les équipes
  • Le service des urgences était calme ce jour là (vacances) Arrivée un par un des patients et déjà triés par le SAMU Malades déjà "techniqués" au moins en partie par le SAMU
  • Peu de polytraumatismés
  • L'équipe du service des brûlés est sur place et a été renforcée
  • Il y a eu peu de blocs opératoires à organiser Pas beaucoup de patients
  • Pas d'impliqués
  • Peu de familles ou de médias à Lille
  • Rodage par des plans " MASH " antérieurs fictifs et non fictifs.

Philippe Pellerin a complété ces notions.

A Lille, le service d'accueil comprenait un réanimateur du CTB et un chirurgien plasticien d'astreinte et on a rappelé les personnes compétentes en brûlologie possibles à trouver.

Le bilan comprenait l'étendue, la profondeur et les lésions associées, le conditionnement, outre la réanimation et le pansement, des incisions de décharges éventuellement.

Un bilan plus précis peut alors être fait sur un patient nettoyé.

La tache de l'administration est importante pour l'identification et au besoin l'attribution d'une identité provisoire. Un dossier administratif est établi.

Un tri complémentaire peut alors être fait pour préciser la destination des blessés selon le tableau suivant.

<% immagine "Tableau XIII","gr0000015.jpg","",230 %>

Les jours suivants une redistribution intra-hospitalière et des transferts secondaires peuvent être organisés et des équipes mobiles mises en place.

Le plan blanc hospitalier améliore l'efficacité en augmentant la disponibilité des moyens, en diminuant la perturbation des autres services, en supprimant improvisation et désordre et en définitive en permettant un bilan rapide et précis de l'évènement.


Daniel Wassermann envisage la période après les gestes d'urgence et oppose 2 possibilités

  • Répartir les patients dans différents centres nationaux en occupant les places libres ou "en faisant de la place"
  • Transformer les hôpitaux ayant un CTB en hôpitaux de brûlés.

Cette option, qui a sa préférence, suppose une orientation précise vers les services adaptés et impose un arrêt des activités programmées et une redistribution du personnel.

Le CTB accueillera les brûlés les plus graves (mais pas ceux audelà des ressources thérapeutiques), les autres patients étant hospitalisés dans les différents services en fonction de leur gravité (patients ventilés en réanimation, patients avec brûlures profondes en chirurgie etc..)

Dans les autres services on utilisera les compétences des services concernés avec une supervision étroite des brûlologues.

On créera ainsi, en tant que de besoin, des unités de traitement de 10 lits dont les soins seront assurés par le personnel médical et para médical du service d'accueil encadré par un médecin et un(e) IDE spécialisés travaillant ou ayant travaillé dans le centre des brûlés.

On peut prévoir en utilisant des personnels participant ou ayant participé aux gardes pouvoir encadrer entre 6 à 10 unités soit 60 à 100 patients.

Il faut aussi envisager de renforcer le personnel du CTB pour pallier le personnel détaché ; l'encadrement sera là automatique par maintien d'un effectif suffisant.

Selon ce plan, on pourrait disposer sur le plan national de 15 hôpitaux ainsi transformés soit une capacité d'accueil entre 900 et 1500 patients : vision optimiste, si on peut parler d'optimisme devant une catastrophe engendrant un tel afflux et pourtant il faudrait différer sans doute les gestes chirurgicaux à cause de la pénurie de chirurgiens brûlologues.


Thibault Douté, (Directeur d'établissement, Hôpital Salengro, CHU de Lille) aborde le problème sur le plan administratif et détaille le volet " brûlés " du Plan Blanc du CHRU de Lille.

- La circulaire DHOS/HFD n°2002/284 relative à l'organisation du système hospitalier en cas d'afflux massif de victimes à l'hôpital remplace l'ancien plan de Mise en Alerte des Services Hospitaliers (MASH) mais reprend les mêmes grands principes, avec annexes NRBC.

Son objet: est l'adaptation des moyens de l'établissement à un afflux massif de victimes mais il n'est pas fait mention de la spécificité de l'accueil des brûlés.

Il prévoit l'adaptation de l'établissement, le rappel des personnels, l'accueil des victimes, des familles et des médias, les conditions d'accès, les dispositifs de surveillance et de sécurité, les stocks, les locaux sans oublier les chambres mortuaires.

Des dispositions spéciales ont été prévues sur le plan local pour les brûlés

Définition de 3 groupes de patients brûlés par niveau de gravité

  • Groupe 1 : Malade nécessitant une prise en charge en réanimation (intubé, >30%)
  • Groupe 2 : Malade susceptible de nécessiter une prise en charge en réanimation (entre 10 et 30%)
  • Groupe 3 : Autre patient de CTB

Définition de 3 scénaris et pour chacun des scénaris les moyens requis.

  • Scénario 1 : victimes uniquement brûlées, moins de 15 patients des groupes 1 et 2 dont 13 maximum intubés ventilés.
  • Scénario 2 : victimes uniquement brûlées, plus de 15 patients des groupes 1 et 2 dont plus de 13 intubés ventilés. - Scénario 3 : Simultanément victimes brûlés/polytraumatisés.

Dans les 3 scénaris, une réorientation est prévue en fonction du degré de gravité après une prise en charge aux urgences.

Ces orientations sont différentes selon les groupes Orientation

  • du groupe 1 : CTB secteur protégé Lille ou à défaut CTB français ou belges, ou réanimation du CHRU.
  • du groupe 2 : CTB ouvert Lille ou à défaut français, hébergement chirurgical
  • du groupe 3 : hôpital de rattachement.

Cette orientation est gérée par la cellule de crise.

La gestion des moyens humains comporte le maintien du personnel en poste et le rappel selon des listes actualisées avec en cas d'afflux massif le déploiement du personnel du CTB aux Urgences.